Le fantôme d’une rose (Haris)''à suivre'' -Terminer-

Ezékiel venait de finir un nouvel opéra italien et il était satisfait de sa soirée, comme il aimerait que sa sœur le voie un jour! Il sourit faiblement avant d’entrer dans sa loge et d’y poser un regard circulaire, c’était si vide... et sans vie… comme lui…

seules quelques chandelles éclairaient la pièce sombre, tamisant les lieux.

Il soupira en refermant la porte et en s’asseyant sur la chaise qui donnait sur un bureau de bois où étaient posés un grand miroir et quelques partitions de piano. Il se regarda dans la glace, impassible. Son visage était blanc comme la mort et ses grands yeux bleus aux prunelles rouges reflétaient sa douleur et sa solitude. Il baissa légèrement les yeux sur ses mains aux longs doigts de pianiste en soupirant.

Haris avait été voir l’opéra diriger par Ezékiel comme à chaque fois. Et Haris avait été encore une fois ému par la dextérité et la passion du vampire. Rare était les moments comme celui-ci, lorsque Haris ressentait quelque chose qui se rapprochait plus ou moins d’un sentiment humain. Et ça, seul Ezékiel et sa musique savait le faire.

Lorsque le spectacle prit fin, le chef d’orchestre s’était retiré dans sa loge et Haris avait entrepris de le suivre.

Un bouquet de roses noires en main, il poussa doucement la porte sans frapper. Un courant d’air glacial entra dans la pièce à sa suite. Il trouva le vampire soupirant, les yeux baissés. Haris sourit. Ce cher Ezékiel ne changerait donc jamais.

Le violoniste immortel apparut derrière le jeune vampire. La tête sur son épaule, il déposa une main sur ses yeux.

-Devinez qui vient vous rendre visite, mon ami, dit-il d’un ton moqueur.

Les flammes des bougies vacillèrent avant de s’éteindre plongeant la petite pièce dans la noirceur. La lumière du couloir qui filtrait au travers de la porte éclairait tout de même légèrement la pièce. La personne qui venait d’entrer déposa sa main sur les yeux d’Ezékiel qui se crispa légèrement.

-Devinez qui vient vous rendre visite

Ezékiel sourit doucement sans répondre. Il déposa sa main glacé sur celle de l’inconnu et avala de travers. Il avait reconnu la voix glaciale et inhumaine d’Haris. Il avait espéré qu’il vienne le voir et voilà qu’il était dans sa loge, derrière lui.

-Haris… vous êtes venu.

-Haris… vous êtes venu.

Haris ricana doucement avant d’approcher ses lèvres de son oreille.
-Mais bien sûr, Ezékiel… Je voulais absolument vous voir.
Sans lâcher Ezékiel, Haris déposa le bouquet sur le bureau et se saisit de la rose rouge qui trônait au centre.
-J’ai quelque chose pour vous…, lui susurra-t-il.

Avec une lenteur infinie et une douceur dévastatrice, il caressa la joue puis la jolie bouche d’Ezékiel en l’effleurant des pétales écarlates de la fleur.
-Vous faites naître en moi des choses que j’avais longtemps oublié… Lorsque j’entends votre mélodie, je sens tout mon corps endolorit s’éveiller et planer. Vous me faites vivre comme jamais, mon cher…

Haris rit doucement et se pencha vers Ezékiel et murmura à son oreille;

-Mais bien sûr, Ezékiel… Je voulais absolument vous voir.

Ezékiel déglutit légèrement en se mordant la lèvre.

-J’ai quelque chose pour vous… susurra-t-il à son oreille.

Doucement Haris caressa le visage et les lèvres d’Ezékiel avec la seule rose rouge du bouquet. Ezékiel frissonna et serra légèrement ses doigts sur la main d’Haris qui était toujours sur ses yeux.

-Vous faites naître en moi des choses que j’avais longtemps oublié… Lorsque j’entends votre mélodie, je sens tout mon corps endolorit s’éveiller et planer. Vous me faites vivre comme jamais, mon cher…

Un nouveau frisson parcouru le corps d’Ezékiel qui avait peine à respirer. Il pensait la même chose… quand ils avaient joué ensemble la première fois qu’ils s’étaient vue Ezékiel s’était sentit revivre…

Il caressa légèrement la main glacé du vampire avant de la descendre doucement et de plonger son regard de glace dans celui d’Haris au travers du miroir. Il pivota sur sa chaise et leva son visage vers celui d’Haris tout en lui offrant un léger sourire.

-j’espère que vous avez aimé, murmura-t-il l’ombre d’un sourire sur les lèvres.

Haris découvrit enfin les yeux d’Ezékiel dans le miroir et il répondit à son sourire. Haris le trouva à cet instant superbe, mille fois plus beau et plus fort que la première fois ou il l’avait vu.

-j’espère que vous avez aimé.

Le vampire au violon pencha légèrement la tête sur le côté en posant ses mains sur les épaules d’Ezékiel, sans lâcher son regard.

-Vous êtes magnifique, Ezékiel, dit-il d’un ton neutre mais pourtant pleins d’admiration.

Le violoniste pencha la tête sur le côté et déposa ses mains sur les épaules d’Ezékiel qui ne détourna pas les yeux, soutenant son regard.

-Vous êtes magnifique, Ezékiel…

Ezékiel entrouvris les lèvres avec surprise. Ses yeux s’agrandirent légèrement. Que pouvait-il répondre à cela?

Il se leva tout tremblant, et posa son regard vampirique dans celui d’Haris. Tout ça était si étrange! Ezékiel était dépassé par les évènements… il baissa légèrement les yeux sur son toxedo noire avant de froncer les sourcils. C’était surement une mauvaise plaisanterie… il reporta son regard inquiet vers Haris sans comprendre.

De toute évidence, il avait troublé Ezékiel avec sa dernière remarque ce qui amusa grandement Haris. Une fois debout, Ezékiel baissa les yeux.

Le vampire en face de lui était légèrement plus grand que lui, ce fut la première fois qu’il s’en rendit compte. Haris s’approcha un peu plus d’Ezékiel et posa son regard dans le sien. Pour la toute première fois en la présence de celui-ci, le regard d’Haris ne brillaient pas de méchanceté, ni de malice. Rien de tout cela. Une lueur indescriptible luisait au cœur de ses prunelles… quelque chose qui ressemblait presque à de la compassion.

Ils étaient maintenant nez à nez et il pouvait ressentir le souffle troublé du pianiste sur son visage de marbre. Haris regarda un moment les lèvres d’Ezékiel en silence, avant de relever les yeux.

Du bout des doigts, le vieil immortel lui frôla la joue délicatement.

-Embrassez-moi, Ezékiel, murmura-t-il.

Leur visage était tout proche, tellement, qu’ils pouvaient sentir la respiration de l’autre sur leur peu glacé. Ezékiel releva les yeux vers Haris qui n’avait pas répondu et qui le regardait intensément. Il sentit sa gorge se serrer et ses mains recommencèrent à trembler légèrement, surtout quand Haris lui caressa la joue du bout des doigts avec une délicatesse troublante.

-Embrassez-moi, Ezékiel, susurra-t-il.

Ezékiel sentit son pouls accélérer et il son visage pâlit légèrement. Il resta interdit un moment avant de s’approcher d’Haris. Il passa une main tremblante dans son dos et l’autre dans ses cheveux. Il pencha son visage vers le sien, mais hésita un instant. Il resta figé par sa soudaine nervosité grandissante, cela faisait des centenaires qu’il n’avait pas embrassé un autre homme et qu’il n’avait pas donné son cœur à quelqu’un, ayant trop peur qu’il se brise en morceau à nouveau.

Ezékiel était nerveux et Haris le sentit. Le chef d’orchestre vampire plaça une main hésitante dans son dos et l’autre dans ses longs cheveux bruns.

Leurs lèvres n’étaient plus qu’à un ou deux centimètres l’une de l’autre quand Ezékiel se figea. Le ressuscité pris son visage blême entre ses doigts et guida sa bouche à la sienne. Haris l’embrassa avec une tendresse désespérée et souffrante. Puis, il se détacha de son baiser et le regarda longuement dans les yeux.

-Ce n’était pas un ordre, je vous le jure…

Sous son hésitation Haris pris le visage d’Ezékiel dans ses mains et approcha son visage du sien avant de déposer ses lèvres sur celles tremblantes d’Ezékiel. Le baiser avait été tendre et Ezékiel sentit son cœur se serrer dans sa poitrine. Il n’avait pas ressentit une telle chose depuis des lustres.

-Ce n’était pas un ordre, je vous le jure…

Ezékiel sourit avec amusement avant d’embrasser Haris avec passion, retrouvant un peu de cet amour qui lui avait tant manqué…

Ezékiel l’embrassa avec passion et Haris, surpris par sa soudaine fougue garda un moment les yeux ouvert. Haris sourit de satisfaction à travers le baiser et il ferma finalement les yeux.

Haris enlaça Ezékiel de ses bras, voulant le sentir contre son torse ferme. Il poussa un grognement sourd qui n’avait rien d’humain avant de faire reculer le jeune homme de plusieurs pas. Haris le plaqua contre un miroir qui vola en éclat. Il l’embrassa à nouveau avec une rage inespéré et une passion effrayante, laissant son côté sombre prendre pleinement le dessus.

Haris enlaça Ezékiel de ses bras et le colla sur son torse. Ezékiel frissonna avec complaisance, se laissant totalement aller dans leur étreinte… Haris grogna et fit reculer Ezékiel jusqu’à ce que le dos de ce dernier n’heurte le miroir qui éclata en morceau dans son dos, déchirant son toxedo et la peau de son dos. Ezékiel grogna à son tour et Haris redéposa ses lèvres sur les siennes avec ardeur et violence. Ezékiel serra les poings sur la chemise d’Haris avec force et répondit à ses baisers fiévreux et agressifs avec une passion désespérée et insistante.

Ezékiel agrippa la chemise d’Haris dans son dos et il avait peine à respirer. Quelques goûtes d’un liquide rouge et opaque coula le long du miroir briser. À cette seule odeur, Haris ouvrit les yeux en fronçant les sourcils. L’appel du sang se fit horriblement présent et ses prunelles devinrent rouges. Haris se raidit et pencha la tête vers l’arrière en gémissant. Ses crocs sortirent d’eux-mêmes.

Haris poussa encore plus fortement Ezékiel contre le verre de la glace et se saisit de ses poignets au dessus de sa tête. Sans attendre un instant de plus, Haris enfouit sa tête au creux du cou d’Ezékiel et l’effleura de ses canines horriblement pointues et tranchantes.

Mais lorsqu’il vint pour le mordre, il en fut incapable et se figea. À la place, au bout d’un moment, Haris embrassa Ezékiel dans le cou, juste sous on oreille.

-Je ne pourrai jamais vous faire de mal, dit-il, tremblant.

Les blessures d’Ezékiel se mirent à saigner légèrement sur le miroir et dans son dos. Il regarda Haris qui venait de froncer les sourcils, ses pupilles étaient devenu rouge comme le sang. Haris devint droit, ses muscles se contractèrent devant Ezékiel qui recula légèrement en fonçant les sourcils. Haris pencha la tête en arrière et gémit quand ses crocs sortirent. Ezékiel écarquilla les yeux et perdit momentanément le souffle quand Haris le plaqua contre le miroir avec force. Ce dernier le saisit par les poignets et les tint fermement sur le mur au dessus de la tête d’Ezékiel qui entrouvrit les lèvres avec stupéfaction. Haris se pencha sur le cou d’Ezékiel qui ferma les yeux en se pinçant les lèvres. Ezékiel fronça les sourcils quand Haris lui caressa le cou avec le bout de ses crocs. Il crut presque que le vieux vampire allait le mordre et il retint son souffle, pourtant… Haris ne fit que l’embrasser dans le cou lui donnant d’étranges frissons.

-Je ne pourrai jamais vous faire de mal.

Ezékiel avala de travers et se retourna vers Haris tout tremblant. Soudain quelqu’un cogna à la porte et Ezékiel sursauta.

-Ezékiel? Fit la voix de l’un des musiciens. Tout va bien? J’ai entendu un drôle de bruit. Tu n’es pas blessé?

-heu… non! Je vais très bien, j’ai simplement échappé un vase c’est tout…

-oh... d’accord.

Ezékiel soupira légèrement avant de rire. Il se surprit soudain à se demander c’était quand la dernière fois qu’il avait ri… il sourit timidement à Haris.

-nous ferions mieux de partir, murmura-t-il en se penchant vers le vieux violoniste… nous ne pouvons rester ici sans attirer l’attention…

Il lui prit la main et le dirigea hors de la loge jusqu’aux escaliers secret qui menaient à la grande bibliothèque proche de la forêt.

-venez… nous allons nous rendre chez nous…